
… les enseignements de la crise sanitaire sont tirés !
Si je m’interroge sur le fait que les grands systèmes de santé obtiennent de meilleurs résultats en raison de leur taille, je répondrai par la négative. Cela ne signifie pas qu’ils sont peu performants ou mal gérés mais qu’une taille et une complexité accrues ne se traduisent généralement pas par une amélioration des performances, par rapport aux organisations plus petites. C’est vrai pour les résultats cliniques, le coût des soins et les résultats financiers.
Pourquoi ? Pour de nombreux dirigeants, les investissements nécessaires dans la technologie et la refonte de l’organisation ont rendu les bénéfices trop lointains et insaisissables par rapport au coût. Mais les circonstances exceptionnelles de la pandémie survenue en 2021 ont introduit de fortes incitations au changement. On pourrait y voir de nouvelles preuves convaincantes que l’échelle peut effectivement créer des avantages tangibles lorsqu’elle est utilisée de manière stratégique.
La preuve de l’urgence maîtrisée
Mais pour mieux prouver que l’échelle est en fait un avantage net pour leurs communautés et pour eux-mêmes, les systèmes de santé doivent montrer qu’ils peuvent s’appuyer sur leurs réalisations récentes quand l’urgence Covid-19 aura disparu du rétroviseur.
Les systèmes de santé ont fait preuve d’une résilience, d’une capacité et d’une agilité incroyables pendant la crise sanitaire. Au cours des 12 derniers mois, nombre d’entre eux ont commencé à analyser cet effet, pour voir ce qu’ils pouvaient améliorer dans une approche globale. Dans des conditions d’urgence, les dirigeants ont restructuré les protocoles de prise de décision pour répondre plus rapidement aux événements sur le terrain, parfois par la centralisation, parfois par la décentralisation. Les systèmes de santé ont désigné des sites de soins dédiés aux patients du Covid-19 tout en consacrant d’autres lieux aux personnes non contaminées. Ils ont déplacé le personnel clinique d’un endroit à l’autre pour répondre à l’évolution de la demande et assurer une couverture adéquate en cas d’afflux. Ils ont créé de nouveaux tableaux de bord offrant une vue d’ensemble des stocks à l’échelle du système, ce qui leur permet d’identifier et de résoudre les pénuries plus rapidement. En bref, ils ont fait preuve de plus de systématique avec une approche de la prise de décision qui privilégie la valeur pour l’ensemble de l’organisation, plutôt que la valeur pour les entités et les parties prenantes individuelles.
Le changement de cap comme nouveau standard
L’avenir de ces organisations en dira long sur les perspectives des systèmes de santé dans un monde post-pandémie. Les dirigeants ont apporté au comportement organisationnel des changements audacieux qui ont longtemps été théoriquement possibles mais rarement démontrés. S’ils ne parviennent pas à conserver leurs nouvelles positions stratégiques pour voir quels sont les bénéfices attendus à long terme, alors la réponse à la question de la valeur de l’échelle continuera à nous échapper. Et si leurs réalisations face à cette crise ne parviennent pas à convaincre d’autres dirigeants qu’une gestion plus systématique vaut la peine d’être poursuivie, résolument, au service des défis endémiques, alors nous n’aurons pas tiré suffisamment les enseignements nécessaires.